HYGIÈNE INTIME

La douche vaginale : dangers et conseils

douche vaginale

Formellement déconseillée, la douche vaginale perturbe l’écosystème intime et augmente le risque d’infections et de complications. Aussi appelée irrigation vaginale, elle fait partie des pratiques liées à l’hygiène intime qu’il faut bannir. soulevant de nombreuses questions. Cet article vous éclaire sur cette pratique, ses risques potentiels, les alternatives recommandées pour une hygiène intime saine.

Qu’est-ce qu’une douche vaginale ?

La douche vaginale consiste à nettoyer l’intérieur du vagin avec de l’eau seule ou savonneuse. Certaines femmes utilisent des solutions « maison », comme de l’eau vinaigrée ou des mélanges d’herbes. Elles pensent que ces produits sont bénéfiques pour leur santé intime.1

Cette pratique implique l’utilisation d’un dispositif spécial pour introduire le liquide dans le vagin. Il peut s’agir de poires vaginales ou de lavement en caoutchouc ou encore de bouteilles de douche vaginale.Il est important de distinguer la douche vaginale du simple lavage externe des parties génitales. La douche vaginale concerne spécifiquement l’intérieur du vagin. De son côté, le lavage externe se limite à la vulve. 

Pourquoi certaines femmes pratiquent-elles la douche vaginale ?

Plusieurs raisons poussent certaines femmes à adopter cette pratique :

  • Éliminer les odeurs perçues comme désagréables.
  • Se sentir plus propres, notamment après les règles ou un rapport sexuel.
  • Rincer les résidus de sperme après un rapport non protégé.
  • Suivre des croyances culturelles ou familiales.

Dans certaines cultures2, la douche vaginale est une pratique courante. Par exemple, en 1999, une étude a été menée auprès de femmes enceintes en Côté d’Ivoire. 97%3 d’entre elles déclaraient réaliser des douches vaginales. Cette pratique peut être profondément ancrée3 et transmise de génération en génération, rendant difficile son abandon malgré les preuves de ses risques.

Démystification des bienfaits de la douche vaginale

Contrairement aux croyances populaires, la douche vaginale n’offre pas de réels bénéfices pour la santé intime

Comment la douche vaginale peut-elle perturber l’équilibre naturel du vagin ?

Le vagin possède un écosystème complexe, autorégulé. Il abrite une flore bactérienne bénéfique, principalement composée de lactobacilles2. Ces bactéries produisent de l’acide lactique, participant au maintien d’un pH acide dans le vagin, le protégeant ainsi contre les infections. En éliminant les bonnes bactéries, la douche vaginale favorise la prolifération de micro-organismes nocifs. De plus, elle peut modifier le pH vaginal, le rendant moins acide. Il est donc plus vulnérable aux infections. Cette perturbation de l’écosystème vaginal peut entraîner des conséquences importantes sur la santé intime.

Bon à savoir : Quel est le pH normal du vagin ? Il est situé entre 3,8 et 4,54, ce qui est relativement acide. Cette acidité crée un environnement hostile pour de nombreux pathogènes. La douche vaginale peut augmenter ce pH, créant un terrain favorable aux infections.

Conséquences possibles d’un nettoyage vaginal excessif

Ne prenez pas de douches vaginales car un nettoyage vaginal trop fréquent ou agressif multiplie les risques de2 :

  • Infections vaginales (vaginose bactérienne, candidose vulvo-vaginale récurrente).
  • Complications pendant, mais aussi après la grossesse (risque d’accouchement prématuré, grossesse extra-utérine, insuffisance pondérale à la naissance).
  • Maladie pelvienne inflammatoire.
  • Association observée avec le cancer du col de l’utérus.
  • Transmission du virus de l’immunodéficience humaine (VIH).
  • Maladies sexuellement transmissibles (MST). 
  • Infertilité.
  • Endométrite, infection des voies génitales supérieures.
  • Association observée avec le cancer de l’ovaire5 .
  • Mycose vaginale6.

Ces risques soulignent l’importance de respecter l’équilibre naturel du vagin. Une hygiène excessive peut paradoxalement augmenter les problèmes qu’elle cherche à prévenir. 

L’avis de gynécologues sur la douche vaginale

En 1953, l’American College of Obstetricians and Gynecologists publie un article scientifique intitulé « The vaginal douche, A Gynecologic Anachronism »7. Il précise notamment que « l’utilisation de la douche vaginale comme rite de lavage n’est pas recommandée par tous les médecins ». Il poursuit : « ils doivent savoir qu’un vagin sain, normalement développé est autonettoyant ». Selon lui, « ce qui est peut-être plus préjudiciable que la confiance déplacée de certains médecins dans les douches vaginales est le modèle engendré dans l’esprit du public. »

Alternatives saines à la douche vaginale

Face aux risques de la douche vaginale, il existe des alternatives plus sûres pour maintenir une bonne hygiène intime. 

Rôles de la flore vaginale

La flore vaginale joue un rôle central dans la santé intime des femmes :

  • Protection contre les infections.
  • Maintien d’un pH acide.
  • Élimination naturelle des bactéries nocives.
  • Production de sécrétions nettoyantes.

Cette flore bénéfique est capable de s’autoréguler dans la plupart des cas. Les sécrétions vaginales, aussi appelées pertes blanches, participent à ce processus d’autonettoyage. Il est donc important de ne pas perturber ce mécanisme naturel.

Les lactobacilles, principaux constituants de la flore vaginale saine, produisent du peroxyde d’hydrogène (H₂ O₂)2. Cette substance a des propriétés antimicrobiennes naturelles, contribuant à la défense contre les pathogènes.



Pratiques recommandées pour l’hygiène intime féminine

Découvrez quelques recommandations pour une hygiène intime saine :

  • Lavez uniquement l’extérieur des parties génitales avec de l’eau tiède et un soin lavant adapté.
  • Utilisez un savon doux ou un gel lavant spécifique non parfumé pour la zone intime externe.
  • Évitez les produits irritants (parfums, déodorants intimes).
  • Portez des sous-vêtements en coton respirant.
  • Essuyez-vous d’avant en arrière après être allée aux toilettes.

Ces pratiques simples permettent de maintenir une bonne hygiène sans perturber l’équilibre vaginal. Elles sont suffisantes pour la plupart des femmes en bonne santé. Il est également recommandé de changer régulièrement de sous-vêtements ou encore d’éviter les vêtements trop serrés. Ils peuvent créer un environnement humide favorable aux infections.

Produits et solutions de remplacement pour la douche vaginale

Si vous ressentez le besoin d’une hygiène intime plus approfondie, certaines alternatives existent :

  • Lingettes intimes sans alcool pour un usage occasionnel.
  • Gels lavants spécifiques pour la zone intime externe.
  • Probiotiques vaginaux (sur conseil médical). Chez les femmes souffrant de vaginoses bactériennes récurrentes après antibiotiques, un traitement par Lactobacillus crispatus IP 174178, réduirait le taux de récidive tout en augmentant le délai de récidive8. Dans le cadre de l’étude, il a été administré sur quatre cycles menstruels.

Ces produits doivent être utilisés avec modération. En cas de doute, n’hésitez pas à consulter votre gynécologue pour des conseils personnalisés. 

Bien faire sa toilette intime, après les règles ou un rapport

Certaines situations, comme les règles ou les rapports sexuels, peuvent nécessiter une attention particulière. Toilette intime après les règles :

  • Lavez la vulve avec de l’eau tiède.
  • Utilisez un savon doux si nécessaire.
  • Changez régulièrement de protection hygiénique.

Toilette intime après un rapport sexuel :

  • Urinez pour éliminer les bactéries de l’urètre.
  • Rincez la vulve à l’eau tiède.
  • Évitez les douches vaginales, n’empêchant pas la grossesse ou les MST.

La douche vaginale, même si elle est pratiquée par certaines femmes, présente plus de risques que de bénéfices. Le vagin est un organe capable de s'auto-nettoyer, maintenir son propre équilibre. En le respectant, vous favorisez une meilleure santé intime. Une hygiène douce et externe, combinée à une alimentation équilibrée, un mode de vie sain, suffit généralement à avoir une flore vaginale en bonne santé.


Sources

  1. https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&opi=89978449&url=https://archive.bu.univ-nantes.fr/pollux/fichiers/download/9b48eb66-8fbf-44f0-b35e-b00b761367a2&ved=2ahUKEwj-uvzuns6HAxWTWkEAHfknMUMQFnoECBYQAQ&usg=AOvVaw28ZX_aAm-0p1oHzLhMyfRx – Consulté le 30 juillet 2024
  2. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2567125/ – Consulté le 30 juillet 2024
  3. https://publication-theses.unistra.fr/public/memoires/2020/MED/2020_RICHERT_Marina.pdf – Consulté le 30 juillet 2024
  4. https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&opi=89978449&url=https://aurore.unilim.fr/theses/nxfile/default/718a25bb-61b3-4244-b65f-9f2a9f4b0594/blobholder:0/P20133367.pdf&ved=2ahUKEwivjtL2nc6HAxXrV6QEHUFkPBcQFnoECD4QAQ&usg=AOvVaw1uuAMb3bu6MwhQVIKk1VG4 – Consulté le 30 juillet 2024
  5. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27327020/ – Consulté le 30 juillet 2024
  6. https://www.ameli.fr/assure/sante/bons-gestes/quotidien/faire-toilette-intime – Consulté le 30 juillet 2024
  7. https://journals.lww.com/greenjournal/citation/1953/05000/the_vaginal_douche__a_gynecologic_anachronism.14.aspx – Consulté le 30 juillet 2024
  8. https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01962203v1/document – Consulté le 30 juillet 2024
  9. https://www.afsos.org/wp-content/uploads/2019/01/Toxicite%CC%81s_gyneco_RI_AFSOS.pdf – Consulté le 30 juillet 2024