Sécheresse intime ou mycose : les distinguer et les traiter
La santé intime féminine peut être perturbée par deux problèmes fréquents : la sécheresse vaginale et la mycose. Ces troubles partagent certains symptômes, mais leurs causes et traitements diffèrent. Une compréhension approfondie de ces distinctions vous permet d’identifier correctement votre problème pour adopter la solution la plus adaptée.
Qu’est-ce que la sécheresse intime ?
La sécheresse intime touche environ 80 % des femmes durant leur existence¹. Elle se manifeste par un manque de lubrification naturelle du vagin, entraînant une sensation d’inconfort. Les deux principales conséquences de la sécheresse vaginale sont² :
- Une fragilisation de la paroi du vagin : elle peut engendrer l’apparition de petites fissures, source de brûlures ou d’irritations lors des rapports sexuels, mais aussi de la miction.
- Une perte d’élasticité des tissus (atrophie vaginale) : elle peut rendre les rapports sexuels et les examens gynécologiques plus difficiles, en raison du rétrécissement de l’entrée du vagin.
Identifier les symptômes de la sécheresse intime
Les principaux signes de la sécheresse vaginale incluent² :
- Sensation de brûlure ou d’irritation.
- Démangeaisons.
- Inconfort lors des rapports sexuels.
- Douleur au moment d’uriner, de s’essuyer.
- Traces de sang de couleur rose après les rapports sexuels.
Ces symptômes peuvent varier en intensité et fluctuer au cours du temps. Par exemple, certaines femmes ressentent une gêne constante, d’autres l’éprouvent uniquement lors des rapports sexuels.
Les causes fréquentes de la sécheresse vaginale
La sécheresse vaginale est souvent liée à une chute d’œstrogènes, l’hormone féminine favorisant la lubrification naturelle. Cette diminution peut être provoquée par² :
- La ménopause : marquée par l’arrêt définitif des règles, elle entraîne une chute drastique de la production d’œstrogènes.
- Le retrait des deux ovaires.
- L’après-accouchement : pendant l’allaitement en particulier, le taux d’œstrogènes est significativement réduit.
- Certains traitements anticancéreux peuvent induire une sécheresse vaginale.
- Certains médicaments : les antidépresseurs, les traitements cardiaques ou certains diurétiques peuvent avoir pour effet secondaire une sécheresse intime.
- La radiothérapie au niveau du bassin : elle peut endommager les ovaires, réduisant la production d’œstrogènes.
- Les produits d’hygiène intime parfumés ou agressifs : ils sont susceptibles d’irriter les parties génitales externes, contribuant à la sécheresse intime.
- L’eau chlorée des piscines, certaines lessives³.
Reconnaître une mycose vaginale
La mycose vaginale, ou candidose, est une infection fongique touchant environ 75 % des femmes au moins une fois dans leur vie⁴. Elle est induite dans neuf cas sur dix par la prolifération excessive de la levure Candida albicans, naturellement présente dans le vagin⁴.
Les symptômes spécifiques de la mycose
Les signes caractéristiques d’une mycose vaginale sont⁵ :
- Démangeaisons vulvaires.
- Pertes vaginales épaisses, blanches, grumeleuses.
- Sensation de brûlure en urinant.
- Douleurs pendant les rapports sexuels.
- Gonflement ou fissure de la vulve dans les formes les plus sévères, nécessitant de consulter rapidement un médecin⁴.
Ces symptômes sont plus intenses comparés à ceux de la sécheresse vaginale. Ils apparaissent souvent brutalement. Les démangeaisons peuvent être particulièrement gênantes, allant jusqu’à perturber le sommeil ou les activités quotidiennes.
Bon à savoir : La mycose vaginale est-elle liée à une mauvaise hygiène intime ? Non, cette infection n’est pas induite par des pratiques d’hygiène insuffisantes. Au contraire, elle est la plupart du temps causée par des toilettes trop fréquentes ou des douches vaginales⁴.
Facteurs de risque et déclencheurs des mycoses vaginales
Plusieurs facteurs peuvent favoriser l’apparition d’une mycose⁴ :
- Des déséquilibres métaboliques comme un diabète non contrôlé.
- Un système immunitaire affaibli de manière temporaire ou durable.
- Certains traitements médicaux comme les antibiotiques ou la pilule contraceptive.
- Des changements hormonaux liés à la grossesse.
Comparaison détaillée : sécheresse intime vs mycose vaginale
Une analyse comparative détaillée permet de mieux comprendre les spécificités de chaque trouble et d’orienter le diagnostic.
Sécheresse intime et mycose, sont-elles liées ?
Sécheresse et mycose peuvent coexister, mais la sécheresse n’est pas en soi un facteur démontré de candidose⁶. Inversement, une mycose vaginale est susceptible d’entraîner une sensation de sécheresse due à l’inflammation des muqueuses.
Les similitudes
Les deux troubles partagent certains symptômes comme les démangeaisons, les sensations de brûlure, l’inconfort lors des rapports sexuels. Ces symptômes communs rendent parfois le diagnostic difficile sans examen médical.
Les différences clés
La principale distinction réside dans la nature du problème : la sécheresse est un déséquilibre physiologique, la mycose est une infection. Les pertes vaginales diffèrent : absentes ou réduites dans la sécheresse, abondantes et caractéristiques dans la mycose.
La sécheresse vaginale s’installe généralement de manière progressive, à la suite de la chute d’hormones féminines se produisant à la ménopause⁷. La mycose peut apparaître suite au port de pantalons serrés ou à un excès d’hygiène intime. Un tampon oublié expose à des déséquilibres bactériens et complications infectieuses⁵.
Traitements pour la sécheresse vaginale
Plusieurs options s’offrent à vous pour soulager la sécheresse intime :
- Crèmes hydratantes pour les parties externes ou gels vaginaux à usage régulier³.
- Lubrifiants pour les rapports sexuels³.
- Laser⁹.
- Traitements hormonaux locaux (œstrogènes), sur prescription médicale³.
- Traitement hormonal substitutif (THM) sur prescription médicale⁹.
Les compléments alimentaires riches en vitamine E sont souvent recommandés mais ont un bénéfice incertain⁸. Ils ne doivent jamais être privilégiés au détriment d’un traitement validé.
Remèdes pour la mycose vaginale
Le traitement des mycoses vaginales, comme les vulvo-vaginites à Candida, se fait par voie locale, à l’aide de crèmes, ovules, capsules ou comprimés gynécologiques antifongiques⁶. Les récidives sont fréquentes, surtout en cas de mycoses. Elles touchent 10 à 20 % des femmes¹⁰. Si ces épisodes se répètent plus de quatre fois par an, il s’agit d’une vaginite récurrente4, aussi appelée candidose vaginale récidivante¹⁰. Un traitement oral¹⁰ plus spécifique est nécessaire. La crème seule n’est pas suffisante pour traiter la maladie¹⁰.
Prévention des troubles intimes
Des habitudes simples, mais efficaces, peuvent réduire significativement les risques de sécheresse et de mycose vaginale.
Bonnes pratiques d’hygiène intime
Le choix du savon est crucial : un pH physiologique¹¹ (5,5) respecte l’acidité naturelle de la zone intime, contrairement aux savons ordinaires, souvent trop alcalins¹². Les sous-vêtements en coton permettent une meilleure circulation de l’air, réduisant l’humidité propice au développement des champignons.
Gestes et produits à bannir pour éviter l’aggravation des symptômes
Les douches vaginales et les toilettes vulvaires trop fréquentes peuvent perturber indirectement l’équilibre naturel du vagin en éliminant les bonnes bactéries¹². Les protège-slips, s’ils sont portés quotidiennement, peuvent créer un environnement chaud et humide¹³ favorable à la prolifération de germes pathogènes¹². Ne vous lavez pas trop fréquemment la zone intime. Une fois par jour suffit, deux en période de menstruations. L’utilisation prolongée de tampons risque d’altérer les défenses naturelles du vagin. En effet, ils absorbent le sang menstruel, mais aussi les sécrétions vaginales, donc la flore intime¹². Il est recommandé de les alterner avec des serviettes hygiéniques, surtout la nuit.
Les déodorants intimes et les lingettes parfumées peuvent contenir des substances irritantes susceptibles de déclencher des réactions allergiques ou perturber la flore intime.
Des rapports sexuels non protégés et des partenaires multiples peuvent déséquilibrer la microflore vaginale, en diminuant le nombre des lactobacilles¹². Le sperme a un pH élevé, avoisinant 7¹². Le stress et le tabac sont des facteurs d’altération de la flore vaginale¹². Le taux d’œstradiol vaginal chez les fumeuses (119 ng/L) est nettement inférieur à celui des non-fumeuses (174 ng/L)¹². Cela engendre un risque plus élevé de pathologies vaginales¹².
La sécheresse intime et la mycose vaginale peuvent perturber votre confort quotidien. Une bonne connaissance de votre corps comme de ces troubles féminins vous aide à réagir efficacement. La consultation d’un professionnel de santé reste indispensable en cas de doute ou de symptômes persistants. Un examen gynécologique permet d’établir un diagnostic précis, puis d’adapter le traitement à votre situation spécifique.
Sources
- https://deptobsgyn.umontreal.ca/2024/05/16/la-secheresse-vaginale-demystifiee/ - Consulté le 7 août 2024
- https://www.chumontreal.qc.ca/sites/default/files/2022-09/934-1-la-secheresse-vaginale.pdf - Consulté le 7 août 2024
- https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-04632145v1/file/2024GRAL7028_mohadjeri_alexandra_dif.pdf - Consulté le 7 août 2024
- https://questionsexualite.fr/s-informer-sur-les-infections-et-les-maladies/les-maladies-de-la-sphere-sexuelle/que-sont-les-mycoses-genitales - Consulté le 7 août 2024
- https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/vaginite/definition-symptomes-facteurs-favorisants - Consulté le 7 août 2024
- https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/vaginite/consultation-traitement - Consulté le 7 août 2024
- https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/menopause/symptomes-diagnostic - Consulté le 7 août 2024
- https://www.imsociety.org/wp-content/uploads/2020/08/ims-recommendations-2010-10-french.pdf - Consulté le 7 août 2024
- https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/menopause/traitements - Consulté le 7 août 2024
- https://www.gfmer.ch/Presentations_Fr/Mycose_vulvovaginale_valiton.htm - Consulté le 7 août 2024
- https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01962203v1/document - Consulté le 7 août 2024
- https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01962203v1/document - Consulté le 7 août 2024
- https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15339071/ - Consulté le 7 août 2024